Les images à décrire sur le web

Quand on parle de textes alternatifs et de descriptions d’images sur le web, il y a une question à garder en tête : est-ce que l’absence de cette image altère la compréhension de mon contenu ? Si la réponse est non, alors l’alternative à l’image n’est pas nécessaire. Si la réponse est oui, alors sus à vos claviers !

Les images décoratives

Les images décoratives sont des visuels dédiés à l’esthétique d’une interface numérique (éléments graphiques, séparateurs, bordures…) Leur présence raconte ou structure un écran pour qu’il apparaisse visuellement soigné et harmonieux. Il est souvent préconisé de ne pas les décrire car elles n’apportent pas d’information nécessaire ou utile à la compréhension d’un contenu.

Voir légende.
Sur le site de La Poste, les images qui illustrent différents articles sont décoratives : elles sont présentées pour guider l’internaute, l’inciter à lire l’article, l’informer du sujet traité et amener un esthétisme certain à la page.

Gardons en tête que les utilisateurs de lecteurs d’écran prennent 2 à 3 fois plus de temps à lire une page web (et ce, même en mode rapide). De fait, l’usage est de les conduire directement au contenu visuel qui fait sens pour ne pas ajouter à une charge cognitive déjà costaude ! Cependant, les images décoratives peuvent être utiles pour ces internautes : 

  • Quand elles indiquent des temps de transition vers d’autres sections ou sujets abordées sur une interface ; 
  • Quand l’ambiance visuelle raconte une histoire qui sert la compréhension d’une interface ;
  • Quand l’utilisatrice a envie de plonger dans l’univers graphique qui lui est proposé.

Des tweeteuses utilisatrices de lecteur d'écran expriment des opinions différentes sur la description d'éléments décoratifs :

Trois tweets d’utilisatrices de lecteurs d’écran.

Bigmoula raconte que : “Personnellement, moi, ça me dérange pas… Qu’elle soit décrite ou non, mon iPhone me le fait déjà assez bien, mais pourquoi pas. Des fois, ça aide."

Céline Boeuf, internaute aveugle et militante pour les droits des personnes en situation de handicap, confirme que : “si on met une image pour décorer, c’est pour rendre la vie plus jolie, plus agréable, aux personnes qui voient. Je n’ai rien contre le fait qu’on me rende la vie plus jolie et plus agréable aussi… Allez, courage : à la plume descriptive !"

Au contraire, Canne qui Rit répond « Perso, j’aurai tendance à dire que ça ne sert absolument à rien. Mais bon, on n’est pas tous d’accord là-dessus.”

Les images informatives

Plutôt qu’un long discours, je me permets de citer une règle tirée du référentiel d'assurance qualité web Opquast : “Certaines images ne se contentent pas d’être jolies ou moches. Elles apportent de vraies informations. C’est le cas du texte mis en image, mais aussi d’images présentant des informations visuelles nécessaires ou utiles à la compréhension du contenu. Dans ce cas, faites en sorte que les informations ne soient pas perdues lorsque l’image est désactivée.”

C’est ainsi que, contrairement aux images décoratives, les images porteuses d’informations apportent pertinence et sens au contenu dispensé. Cela signifie que sans description alternative, l’internaute va perdre la compréhension de l’interface.

Dans un souci de clarté, je ne vais pas m’étendre sur tous les cas où une image doit être décrite (ces cas feront l’objet d’autres contenus). Arrêtons-nous sur deux cas fréquents où la description est nécessaire à la compréhension d’une information.

Un exemple d’image à décrire

Cet article de blog proposé par l’association France Parkinson nous invite à nous aider d'un tableau pour dessiner un parcours de soin adapté à nos besoins. Or, ce contenu visuel n’a pas d’alternative textuelle et n'est pas décrit ! Ainsi, nous savons qu’il y a des informations essentielles pour avancer dans notre parcours de soin… mais il nous est impossible d’y accéder.

Imaginons que nous ayons eu accès à un texte alternatif tel que “Ce tableau vous aide à dessiner votre parcours de soin”. Cette alternative décrit bien ce qu’est l’image (un tableau avec des données), sans pour autant entrer dans son contenu. Ici, c’est l’ensemble du contenu du tableau qu’il faudrait décrire pour que ce dernier puisse prendre connaissance des possibilités offertes par l’association via ce contenu imagé.

Quand le texte est converti en image

Imaginons que vous souhaitiez promouvoir le spectacle de fin d’année organisé par les résidents de votre structure d’accueil. Vous voilà d’une pierre de coup sur Canva, à caler des images de soleil et de confettis tout en annotant la date et l’heure de l'événement en question. On exporte “evenement_spectacle_final” en JPEG, on la poste sur Facebook et hop : le tour est joué !

Sur cette image intégrée à une newsletter, dont le corps du mail n’annonce aucune information contenue dans cette image non décrite. Le destinataire ne pourra donc pas savoir quand se déroule l’événement, les conditions de participation et ce en quoi il consiste.

Enfin… pas tout à fait. Sans alternative à l’image, et même si l’IA de Facebook génère comme une grande une description approximative de votre affiche, des personnes de votre audience seront laissées sur le carreau. Quand des informations textuelles sont intégrées à une image, alors les lecteurs d’écran n’y auront pas accès. Pour cet outil d’assistance, l’image sera une image, pas un texte lisible. Il y aura même des chances qu’il lise : “Image : “evenement_spectacle_final.jpeg” Pas très informatif tout ça, non ? L’idéal : caler dans le texte de votre publication les informations essentielles dispensées dans votre image.

Voyez cet effort comme un tout : une personne capte l’information. Elle partage l’invitation à des amis. L’un de ces amis, dyslexique et utilisateur d’un lecteur d’écran, comprend, grâce à ce petit effort que vous avez fait de lister les informations essentielles présentes dans votre image, que le spectacle dont il a entendu parler va bientôt avoir lieu. Il propose à sa femme d’y aller. Sa femme invite cinq de ses amies. Qui amènent leurs partenaires respectifs… Ni une, ni deux, voilà vos résidents qui jouent devant un public venu en nombre !

En conclusion

Il existe d’autres cas de figures où il est nécessaire de prendre la plume pour raconter une image. En attendant, gardez en tête qu’une légende, une alternative textuelle ou une description détaillée servent un même objectif : informer l’internaute, notamment s’il n’a pas accès à la lecture de l’image. 

Dans cet exercice de description, à quel point faut-il être précis ? Peut-on donner son avis ? Par où commencer ? Entrez prochainement dans le vif du sujet grâce au troisième article de la série consacrée à la description d'image !

Sources

Attention : certaines de ces ressources sont en anglais

À noter

Merci à Zoubeir Haffez pour sa relecture précise et précieuse ♥️ Je vous invite à découvrir son podcast ou d'aller faire un tour sur son profil Linkedin !

Notez que cet article a été rédigé par mes soins en tant qu’internaute voyante non-aguerrie à l’utilisation d’un lecteur d’écran. Il a donc été relu par des personnes non-voyantes ou malvoyantes utilisatrices de cet outil d’assistance pour plus de pertinence. Si vous souhaitez compléter ou corriger un propos, je vous invite à me contacter à l’adresse bonjour@senuba.com

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