Be My Eyes

Prologue

Be My Eyes est une application de mise en relation d’une personne aveugle ou malvoyante avec un volontaire voyant qui lui restitue une information à laquelle elle n’a pas accès. 

Cela fait deux ans que je suis inscrite sur l’application en qualité de “voyante disponible” dirons-nous. Je n’ai reçu que deux appels et chacun m’a permis de constater des problématiques de design à l’origine d’expériences non accessibles, et donc non équitables entre les utilisateurs d’un produit ou d’un service.

Au-delà des problématiques, ce constat appelle à trouver des solutions pour que le quotidien des personnes avec un handicap visuel soit d’autant plus synonyme d’autonomie.

Cette chronique est un pense-bête récapitulant le contenu des échanges banaux mais néanmoins interpellants suivis grâce à l’application.

Échange #1 : La lessive

C’est mon tout premier appel. Je suis naïvement surprise que mon interlocutrice me jette un rapide bonjour avant de me renseigner sur l’obstacle qu’elle rencontre. Avec le recul, elle a raison : on n’est pas là pour faire la causette. Mon rôle, c’est d’être ses yeux pour résoudre une situation donnée. 

La personne est dans sa buanderie. Elle n’arrive pas à distinguer le contenu de quatre contenants disposés devant elle. Normal : ils se ressemblent tous en termes de formes et de matières ! Il n’y a que le visuel marketé qui raconte le contenu. Cela rejoint un critère que l’on retrouve en design universel : faire appel à plusieurs sens pour convoyer une information.

Je décris le contenu de chaque contenant : lessive classique, lessive laine, adoucissant et… une quatrième bouteille dont je n’arrive pas à comprendre la substance (d’autant que la vidéo est un peu sombre et pixellisée). Impossible de lire l’étiquette, dont la composition est fouillie. Deuxième réflexion : plutôt que d’en mettre partout, on hiérarchise un contenu pour que les informations restent lisibles. 

Nous répétons ensemble le contenu de chaque bouteille, de gauche à droite, l’une après l’autre, pour que la personne puisse mémoriser leur emplacement (à défaut d’avoir une indication par le toucher ou l’odorat).

Tout cela me rappelle vivement le processus engagé par une marque pour rendre ses bouteilles de shampooing accessibles à toustes. Une étude de cas, restituée dans cette chronique, qui démontre combien il est important d’intégrer une dimension inclusive en amont et durant tout le déroulé d’un projet !

Échange #2 : L'autocuiseur

À l’heure du déjeuner, je reçois un appel d’une personne en train de préparer son repas. Elle a besoin de confirmer les voyants et affichages de son cuiseur. 

Une petite lumière indique que le mode de cuisson est le bon. Il y a beaucoup d’options sur sa cocotte, il est facile de s’y perdre. J’en déduis que la machine ne doit pas avoir de restitution vocale ou quelque détail texturé qui informent du bouton sélectionné. Une nouvelle fois, un service ou un produit inclusif doit dispenser des informations par le biais de plusieurs sens pour s’assurer d'ouvrir son usage à un large public.

Sur un écran à gauche, un affichage digital montre une température de cuisson. À droite, un second écran commence à décompter le temps de cuisson, après que mon interlocuteur ait fait une manipulation supplémentaire. J’imagine donc que la personne n’était pas sûre d’elle sur l’utilisation de son cuiseur ce jour-là, mais qu’elle a appris à mémoriser les positionnements, options et affichages de son appareil.

Pour aller plus loin, je vous propose d’aller jeter un œil à ce guide proposé par le groupe SEB et l’APF France Handicap (externe). Le document explicite de manière claire et simple les grandes notions qui ont trait au design inclusif.

Autres chroniques à découvrir

Retour aux chroniques